27.4.07

Forte mobilisation à Montparnasse

Le mouvement d'aujourd'hui à la Fnac Montparnasse a fortement mobilisé les employés. Ils étaient entre 150 et 200 devant le magasin, bloquant son accès pendant près de deux heures durant l'après-midi.

Si quelques clients pressés dénonçaient une "prise d'otage", la plupart faisait preuve de compréhension et de soutien. Ainsi beaucoup de nos clients avouent considérer la Fnac comme le dernier bastion du "choix et du bon conseil" et sont stupéfaits en apprenant nos conditions de travail.

Ils sont une majorité à dénoncer l'idée de rémunération à la commission ou de plan de vente, qui nuisent évidemment à la qualité de conseil et de service.

Nous nous excusons auprès de nos clients qui se considèrent "pris en otage" par ce genre d'actions. Veuillez croire que c'est pour vous révéler une "prise d'otage" d'un autre genre et d'une toute autre envergure.

Par ailleurs, vous pouvez lire ici un résumé avec photos du débrayage des employés de la Fnac Nice, vendredi dernier 20 avril.

A voir sinon aujourd'hui un article sur L'Humanité.fr, mais aussi ZDNet.fr, qui consacre un article sur les blogs des salariés de la Fnac, notamment Blogofnac.

De l'archaïsme à la Fnac

Sur L'Expansion.com, Denis Olivennes déclare aujourd'hui :

Le PDG de la Fnac dénonce l'archaïsme de ses syndicats « maison ». Pour le patron de la Fnac, certains élus syndicaux du groupe qu'il dirige sont archaïques et ultra-conservateurs. « Ils disent non à tout. C'est Jurassic Fnac ! ». Sur fond d'appel à la grève le 4 mai par 4 organisations syndicales contre un plan de 400 suppressions de postes administratifs d'ici la mi-2008, Denis Olivennes a tenu à rappeler dans un entretien au Figaro que le groupe « ne licencie pas » bien qu'il ait subi 13 plans de sauvegarde de l'emploi en 15 ans.

Nous sommes choqués par de telles déclarations. En effet, si nous avons créé ce blog c'est bel et bien pour appuyer des syndicats démobilisés et affaiblis par des méthodes d'un autre âge employées par nos dirigeants. Si nous sommes indépendants, nous voulons les soutenir et encourager tous les employés à faire de même, que tout le monde comprenne bien que les syndicats ne sont pas une entité à part et représentent chacun d'entre nous dans les instances et négociations.

Si la direction prétend moderniser la Fnac, elle réalise tout l'inverse en faisant elle-même preuve d'archaïsme, utilisant des procédés indignes, faisant preuve du plus grand mépris à l'égard de ses employés.

Ultra-conservateurs ? Est-ce ultra-conservateur que de vouloir défendre son pouvoir d'achat alors que celui-ci plonge inexorablement vers la précarité ?

Voudriez vous que l'on soit assez "moderne" et "dans le coup" pour nous réjouir à l'idée de rattraper (vers le bas) l'alléchant salaire fixe des nouvelles Fnac Périphérie (800 euros Net), nous réjouir de ces fantastiques primes individuelles qui nous permettront peut-être parfois d'atteindre difficilement notre rémunération actuelle, ceci au prix d'une qualité de conseil et de service déplorables.

Voudriez vous que l'on se réjouisse de voir des suppressions de poste alors que nous aurions besoin de tout l'inverse ? Jour après jour, nous constatons que nos conditions de travail se dégradent. Jour après jour nous constatons que nos effectifs baissent. Jour après jour nous faisons face et essayons de sauver les meubles face à notre clientèle.

La Fnac était jusqu'ici à l'avant-garde en réussissant à instaurer des principes d'honnêteté envers ses clients et de confiance vis à vis de ses employés. Des principes qui ont toujours été moteurs de son succès. Aujourd'hui nous assistons à un grave retour en arrière qui va à contresens des besoins de nos clients et de la volonté des acteurs de l'entreprise. C'est ça, faire preuve d'archaïsme.

26.4.07

Dans l'air du temps...

Il n'y a pas qu'à la Fnac que ça se gâte...
Vous pourrez constater des situations qui nous sont familières chez Peugeot, ainsi que chez Airbus, qui invente le concept de l'intéressement symbolique.
Magnifique.
Devons-nous en arriver la ?

La Fnac et les médias

Hier plusieurs journaux télévisés et de nombreux médias ont parlé du plan social concernant le back-office.
Vous pouvez regarder ici le reportage du journal de 13h du mercredi 25 avril nous concernant.

Il est dommage que les médias et reportages que nous observons ne parlent que du plan social, qui n'est malheureusement que la partie visible de l'iceberg.

En effet les explications qu'on entend partout, c'est la modernisation du back-office, le reclassement des disquaires. Et comment ne pas succomber à l'argument fatal de la "chute du disque", cause de tous nos maux.

Si l'on en reste la, évidemment, on en est convaincu, la fnac va mal, les vendeurs rouspètent pour rien, ils ne s'adaptent pas à leur époque...

Or vous n'entendrez jamais parler des résultats exceptionnels de nos départements produits techniques, de l'explosion des ventes d'ordinateurs, de baladeurs, de gps, de téléphones, d'écrans plasma, ou tout simplement de dvd, qui compensent largement la chute du disque et le sabotage des travaux photos. Vous n'entendrez pas parler des dividendes en hausse de nos actionnaires.

Quand le disque chute, c'est la catastrophe, mais quand tant d'autres "items" décollent, il n'y parait rien. Tout pour culpabiliser les employés.

L'idée, c'est d'avancer des explications "évidentes" en écrans de fumée, pour détourner l'opinion des vrais problèmes.

Exemple : Nos vendeurs sont aigris ? C'est qu'ils n'ont pas le sens du client. Ce n'est absolument pas parce qu'ils se sentent surchargés et sous-payés. Votre intéressement est en baisse ? C'est à cause des syndicats qui l'ont mal négocié. Le plan social du back-office ? C'est pour moderniser, on vous dit. C'est vrai que ça va être super moderne de faire plus de choses avec moins de monde. On a pourtant l'impression de revenir en arrière, loin, très loin en arrière.

Vous n'entendrez pas parler non plus des pressions subies, des intimidations, chantages et licenciements pour celles et ceux qui expriment leur désaccord.

Nous aimerions que les médias se penchent sur les vrais problèmes inconnus du public : la nouvelle politique de rentabilité de la fnac et ses conséquences sur la qualité de service à ses clients, ainsi que sur les conditions de travail de ses employés.

24.4.07

Dernières nouvelles

Samedi 14 avril, environ 120 employés de plusieurs magasins (Montparnasse, Italie2, Forum, Parinor, ...) se sont réunis devant la FNAC Saint-Lazare, en présence des médias, à l'issue d'une semaine qui a vu plusieurs mouvements se dérouler dans pratiquement toutes les FNAC parisiennes, ainsi qu'en province : à Rouen, ils étaient 72% des employés à débrayer le 7 avril. Les magasins de Lille, Reims, Montpellier, Metz, Nice, Tours, Troyes, ... se sont aussi fortement mobilisés.

Sachez que les employés de chez Surcouf, entité de la FNAC, se sont aussi fortement mobilisés pour défendre leur rémunération ces derniers jours. Certains magasins, comme à Thiais, ont dû fermer. A Haussmann, ils étaient 80% à débrayer. Il s'agissait d'empêcher la direction de baisser le pourcentage de commission des vendeurs, qui est actuellement à 0,35% (vous savez, celui qui est à 0,05% à la FNAC). En conséquence de leur forte mobilisation, la direction a retiré le projet d'abaissement de la commission.

PPR a décidé de faire des économies, notamment en rémunérant moins ses employés. Si Surcouf s'est bien défendu et semble sorti d'affaire, nous, employés de la FNAC allons devoir subir une forte baisse de notre rémunération et de notre pouvoir d'achat. Nous devons nous mobiliser pour empêcher cela.

A Paris, le prochain mouvement aura lieu Vendredi prochain 27 avril à 15h30 devant la FNAC Montparnasse. Nous invitons tous les employés des FNAC en région parisienne à nous rejoindre pour réitérer le succès du mouvement de samedi dernier.

Une grève nationale est programmée pour le Vendredi 4 mai. Parlez en autour de vous, Mobilisez-vous !

On parle de nous

Voici quelques sites à visiter pour vous tenir informés de l'actualité Fnac :

Article du Nouvel Observateur et les commentaires qui le suivent.

Article de la Croix.

Le blog tousavecpatrick.blogspot.com, créé par des employés consécutivement au licenciement d'un Responsable de la Fnac Digitale.

Enfin, l'article Dans l'enfer du hard discount, dénonçant des pratiques de gestion dont certaines nous sont familières et qui risquent de se développer.

10.4.07

Reportage à la FNAC Saint-Lazare

Merci pour les nombreux témoignages et messages de soutien que vous nous avez fait parvenir sur blogofnac@hotmail.fr.

Ainsi nous avons pu récupérer cette vidéo tournée devant la FNAC Saint-Lazare, mercredi dernier, pendant un débrayage.


La V.I.M

On ne devait jamais passer à la guelte, c’est maintenant chose faite. Elle remplace donc notre VME collective. Elle est constituée, pour les vendeurs, de trois facteurs : un pourcentage du C.A réalisé sur facture, un montant forfaitaire pour chaque abonnement vendu, une quote-part du C.A du rayon, le tout minoré ou majoré par l'atteinte ou non d'objectifs au niveau du magasin.

Exemple de calcul :

Nous avons pris pour exemple le rayon micro-hard, l'un des rayons qui effectuent le plus grand nombre de facture et le plus gros C.A. Les taux sont : Matériel : 0.05%, Accessoires : 0.1%, Services : 0.22%

Soit 100000 euros de C.A réalisés par un vendeur micro-hard, dont 80000 de matériel, 10000 d'accessoires, 10000 de services, ce qui constituerait un excellent mois d'un très bon vendeur, dans une FNAC à forte affluence.

La V.I.M serait donc de : (0.05% x 80000) + (10000 x 0.1%) + (10000 x 0.22%) = 40 + 10 + 22 = 72 euros.

A cela il faut ajouter un "booster", soit une éventuelle minoration pouvant aller jusqu'à -50% si les objectifs fixés au début de mois ne sont pas atteints. Ces objectifs étant très souvent calculés de manières surréalistes, nous pouvons donc nous faire du soucis. Ainsi, dans le pire de cas, la prime calculée plus haut pourrait s'élever à 36 euros, cependant au cours d'un excellent mois au cours duquel notre vendeur n'a pas chômé, loin de la...

Cela veut dire que vous serez sous pression pour une prime qui sera non seulement dérisoire, mais qui risque aussi d'être minorée, plafonnée, la plupart du temps.

On peut discuter longtemps sur le fait d'être d'accord ou non avec le principe de la commission. Ce qui mettra tout le monde d'accord c'est que la V.I.M constitue la commission la plus faible enregistrée parmi nos concurrents. Un vendeur subissant la même pression gagnera beaucoup plus à la concurrence. C'est donc un moyen d'attiser notre envie de gagner plus, sans nous rémunérer plus.


Pour les équipes qui ne réalisent pas de vente sur facture, le calcul est plus difficile à comprendre, ils sont soumis aux résultats du rayon et du magasin, et risque de prendre en compte de plus en plus d'objectifs à atteindre.

N'oubliez pas que le projet métier vous astreint officiellement désormais, à d'autres tâches, comme l'encaissement, les remboursements, la gestion, le merchandising, le réassort, etc... Des tâches pendant lesquelles vous ne ferez pas de facture, et donc ne gagnerez pas de quoi vous constituer cette magnifique prime calculée plus haut.

Les conséquences de la commission sont terribles pour la qualité d’accueil et de service. Vous chercherez à vendre au plus cher, au plus vite, tout le temps. Vous sélectionnerez vos clients en lésant les moins aisés ou les plus indécis. Vous ne vous occuperez plus que des « gros » clients, qui achètent cher, et plus de ceux qui cherchent des « petits » accessoires. La guerre entre vendeurs fera rage. Ce n’est pas de la fiction. C’est la triste réalité chez nos concurrents. Nous allons nous battre les uns contre les autres, pour espérer avoir la part d'une prime qui était bien plus importante il y a peu. Vous allez avoir l'ambiance de travail de nos concurrents, mais avec des primes bien moins élevées.

Et pour ceux qui disent que la commission n'est pas une guelte : commission + plan de vente = guelte. Peu à peu certains produits nous rapporteront plus. On peut s'attendre à ce que les objectifs qui conditionnent le "booster" soient des objectifs de plan de vente.

Ne vous leurrez pas. Dans cette optique de rentabilité à outrance, la V.I.M est l'outil ultime pour moins nous rémunérer. C'est savamment calculé à l'avance. Et c'est pourquoi nous étions une des dernières enseignes à ne pas fonctionner ainsi.
C'est une façon de créer une importante quantité de chiffre d'affaire immédiate sans se soucier des retombées à l'avenir. Combien de clients vont finir par nous fuir lorsqu'ils auront compris que nous sommes passés de "l'autre côté" ?

Songez donc à votre liberté actuelle : celle de vendre ce que vous voulez, ou même de ne pas vendre. Celle de traiter vos clients comme vous aimeriez qu'on le fasse pour vous. Celle de ne pas faire de discrimination à la facture. Celle de ne pas avoir la pression sur la quantité de factures réalisées. Celle de pouvoir compter sur vos collègues.

Nous avons bâti nos succès sur une conception radicalement différente. C'est cette conception qui nous caractérise, qui constitue l'esprit de la FNAC. C'est ce qui nous a amené au sommet.

6.4.07

Quelques précisions sur les syndicats

Suite à l'affluence importante sur ce blog et aux très nombreuses réactions qu'il suscite nous voulions vous préciser les points suivants, qui sont essentiels à la réussite de notre mouvement.

Nous entendons souvent des "
je ne suis pas concerné pour l'instant"... "De tout façon les syndicats ils en font trop"...
Il semble en effet que le discours "démodé" des syndicats n'arrivent plus aux oreilles des employés. La plupart des salariés de la FNAC sont devenus "hermétiques" au vocabulaire syndicaliste et voient en chacun d'entre eux, une caricature.

1. N'attendez pas que l'incendie arrive à votre porte pour l'éteindre. A un moment ou à un autre, vous aurez tous "chauds aux fesses", et serez heureux de voir du monde vous soutenir.

2. Nous tenons à rappeler que notre action s'effectue indépendamment des syndicats. En effet nous pensons que si des personnes n'osent pas réagir c'est effectivement du aux pressions et manipulations organisées par la direction, mais aussi parce que les employés de la FNAC ne se reconnaissent plus dans leurs représentants.

Il est important que tous les employés, qu'ils soient de gauche ou de droite, qu'ils se sentent concernés directement ou non, comprennent ceci :
il n'y a pas les syndicats, la direction, et vous au milieu.

Les syndicats, c'est nous tous. Ils existent pour nous défendre et nous représenter. Si ils sont mauvais, c'est que VOUS êtes mauvais. VOUS devez faire en sorte de les améliorer. VOUS devez les soutenir pour qu'ils soient plus proches de vos idées. Ne boudez pas non plus trop vite les "caricatures", car ils sont indispensables à la réussite des négociations avec les représentants de la direction, et se sont montrés particulièrement efficaces jusqu'alors. Mais pour combien de temps... Ils ont besoin de vous, de votre soutien et de vos idées !

Sans eux nos conditions seraient encore plus préoccupantes.
Il ne faut pas fuir parce que vous ne vous voyez pas en eux, il faut en contraire les soutenir, les corriger, les aider. Il faut que vous communiquiez ensemble pour qu'à terme, vous vous voyez en eux. Ce sont VOS élus. Ils ont besoin de vous, pour mieux comprendre vos attentes, ils ont besoin de VOS idées, de vos actions.

Sachez enfin que le droit de grève est essentiel, et inaliénable. Il est facteur de bon nombre de nos avantages d'aujourd'hui.
Si vous subissez des pressions, parlez-en à vos élus, ou envoyez-nous vos témoignages.

Nous voulons dialoguer, nous voulons nous exprimer. Hors la plupart d'entre nous sont muselés. Lorsqu'une des parties tente de passer en force, sans discussion, il ne peut s'agir que d'imposer des idées qui ne sont qu'à leur avantage. Si tout s'annonçait rose pour nous tous, nous ne subirions pas tant d'intimidations, et vous ne verriez pas vos responsables sous une telle pression.

Quand on vous marche sur le pied, il faut réagir. Nous avons dit "
aïe", d'une voix fluette. Nous devons crier notre désaccord pour être entendus. Chaque voix compte. Nous comptons sur vous.

De drôles de débrayages

De nouvelles idées sont apparues, hier et avant-hier, dans les FNAC Montparnasse ou Saint-Lazare. Les employés se montrant réticents à l'idée de débrayer dans les magasins, ils sont donc descendus dans la rue, distribuer des tracts aux clients, faire signer des pétitions, et surtout dialoguer avec la clientèle. Ce genre de manifestation sympathique et bon-enfant, plaît. Les employés habituellement frileux n'ont ainsi pas l'impression de bloquer quoi que ce soit, et ça plaît aussi à la clientèle qui ne se sent pas agressée, mais qui est au contraire interloquée, puisque nos problèmes les concernent aussi. Le dialogue que l'on instaure avec eux les touche, et ils apportent presque systématiquement leur soutien aux employés de la FNAC..
Dans la durée, ce genre d'actions, si l'on communique efficacement, aura un impact très important.

D'autres manifestations de ce type sont prévues ce week-end dans les FNAC parisiennes.

Une année dure 14 mois... au siège

Saviez vous qu'au siège de la FNAC, le temps s'écoule plus lentement ? 14 mois pour une année, Denis Olivennes n'avait finalement pas complètement menti...
L'intéressement des employés du siège atteint donc 1200 euros (et nous sommes très contents pour eux).
Soit en moyenne 5 fois plus que les magasins parisiens.

On se demande qui réalise le chiffre d'affaire.... qui est en première ligne... qui subit les mauvaises décisions mais fait avec ? (pôle mobilité, Fnac mobile avec Orange,...).

3.4.07

Chers Adhérents, chers clients

La Fnac a bâti son succès en vous manifestant du respect. Tout d’abord, en vous proposant le choix le plus large possible dans les domaines de la culture et des nouvelles technologies. Un choix d’experts, et non pas de marques. Notre souci a toujours été de vous conseiller avec objectivité. Nos vendeurs n’ont jamais eu l’obligation de vous vendre n’importe quoi à n’importe quel prix : nous n’avons compté que sur nos qualités d’accueil, de choix, et de conseil, pour vous fidéliser. Et nous avons réussi, puisque la FNAC est devenue une enseigne leader dans son domaine, enregistrant années après années des bénéfices toujours plus importants. La FNAC est ainsi devenue une institution, s’offrant une place de choix dans le cœur des français.

Nos équipes ont toujours travaillé main dans la main pour vous offrir le meilleur service possible : pas de concurrence entre vendeurs, ni entre magasins. Votre satisfaction a toujours été notre priorité, notre but. Nous avons fait le choix de l’accomplir collectivement pour être sur de le mener à bien. Notre motivation a toujours été confortée par une rémunération collective à la mesure de nos compétences, et des conditions de travail intéressantes.

Depuis quelques années, on nous reproche notre manque de disponibilité, parfois notre défaut de qualité d’accueil : c’est vrai, nous ne sommes plus aussi bons qu’avant.
La raison en est simple : nos rémunérations et nos effectifs baissent à mesure que notre charge de travail augmente. Nous sommes dirigés par des gens qui ne songent qu' à rentabiliser à outrance pour mieux nous revendre. Une direction qui méprise tout idée de commerce honnête. Leur but n’est bel et bien plus de nous apporter mutuellement. Mais au contraire exploiter notre relation de confiance. Des pressions nous accablent, des têtes tombent injustement, car on nous demande de vous trahir, vous. Vous qui nous avez fait, vous qui nous avez amené au plus haut.

Depuis quelques temps, on nous oblige à vous mentir. Nous ne sommes plus aussi indépendants que nous en avons l’air. Nous sommes tenus de vous vendre une sélection de produits, nous sommes mis sous pression pour vous inciter à prendre des crédits à des taux exorbitants. Nous vous mentons au sujet de fausses promotions, de fausses bonnes affaires, où de « choix des vendeurs » qui ne sont que les choix des plus grosses marges arrières.
Aussi, nous ne sommes quasiment plus formés. Nous sommes mis sous pression et jugés sur nos performances de ventes d’assurances ou de crédits. C’est à qui arnaquera le mieux. La cible : vous.

Pourquoi ont-ils fait ce choix ? Pourquoi assassiner l’esprit FNAC ?
Parce que l’idée de commerce honnête est une abomination pour certains. Ce sont des gens qui n’ont du commerce qu’une conception détestable dénuée de confiance. La qualité, l’objectivité, la culture, l’intelligence : ce ne sont pas des concepts rentables sur lesquels il fait bon investir.
Il vaut mieux la naïveté, la tromperie, le mensonge, la nullité : ce sont des éléments qu’ils maîtrisent, des placement sûrs. Ils ne peuvent concevoir que l’on peut vendre sans tromper. Que l’on peut réussir sans tricher.
Hors nous n’avions jamais triché avec vous. Et c’est ce qui a fait notre succès.

De même, l’idée de voir un employé toucher plus que le smic leur est insupportable. Il fallait nous remettre à notre place. C’est maintenant chose faite, à mesure que nos rémunérations baissent. Aujourd’hui un salarié fnac vit difficilement. Dans les grandes villes, payer son loyer devient problématique. Alors, ne parlons même pas du reste. Nous n’avons même plus les moyens de connaître les produits que l’on vous vend. D’experts confirmés, nous sommes passés au statut de précaires aux connaissances limitées. Mais vous, vous nous faites toujours confiance, sans comprendre notre mal à l’aise, et notre attitude de fuite.

Aujourd’hui, nos dirigeants veulent profiter de notre image prestigieuse, tout en nous forçant à changer de l’intérieur.
Si nous sommes parfois distants, si nous manquons d’entrain, c’est à cause de cela. Vous nous voyez encore comme des gens indépendants, libres et considérés, hors nous sommes soumis, accablés et méprisés par nos dirigeants.

Nous allons maintenant être payés à la commission. Nous pouvons maintenant le dire officiellement : la FNAC n’est plus indépendante. Elle est une grande surface comme les autres. Sauf qu’elle continuera à se prendre pour quelque chose qu’elle ne sera plus. Elle continuera de vous attirer dans ce qui sera désormais un guet-apens.

Si nous avons décidé de faire grève, c’est pour cela. Pour nous protéger, pous défendre notre statut indépendant. Mais surtout pour vous. Car nous revendiquons notre droit à l'honnêteté envers ceux qui nous ont fait réussir : vous. Car nous refusons de brader les valeurs louables de la FNAC. Nous vous demandons de nous soutenir. Pour que la rentabilité sauvage n’ait pas raison de la qualité de choix et de conseil que vous êtes en droit d’attendre.

Aujourd’hui nous subissons des menaces, des chantages inadmissibles, dès que nous faisons preuve de réticences, ou lorsque nous évoquons l’idée de faire grève. Cette entreprise libertaire se révèle être prise d’assaut par des dirigeants sans scrupule qui mettent en œuvre une véritable "épuration éthique". Nous sommes une majorité à dénoncer cette situation, mais notre entreprise est gangrenée « par le haut ». Nos cadres ont peur, et exécutent les ordres. Une situation de terreur s'est instaurée parmi nous.

Nous ne voulons pas assister à la fin de l’une des plus belles entreprises de commerce française, dans une époque qui ne respecte plus ses consommateurs.
Nous avons besoin de vous. Aidez nous à sauver la FNAC.

Merci.

La Gratuité, c'est le vol

"La gratuité, c'est le vol"
Denis Olivennes, 2007

Supprimer des postes, baisser les rémunérations, et tromper les clients d'une entreprise dont les bénéfices et dividendes augmentent. Faire des économies sur le dos de gens qui ne s'économisent pas pour vous. Ne serait-ce pas ça, le vol ?

Dans son livre, le PDG de la FNAC dénonce le piratage, et entend protéger la culture. Comme à son habitude, il parle très fort pour faire diversion, et endormir l'opinion publique face à ses véritables intentions. Comme à son habitude, il agit à l'opposé.

Les autres phrases célèbres de Denis Olivennes :


« Pas de paiement à la guelte à la fnac, jamais ! »
Ne jamais dire jamais.


« 100% client ! tout pour satisfaire le client ! »
Remplacez le mot "client" par "actionnaire".

« La fnac n’est pas en vente !»
Pas en vente, mais à vendre.

« L’intéressement, un 14ème mois ! »
Une erreur s'est glissée. Il fallait lire "1/14ème de mois".


« Ceux qui travaillent plus doivent gagner plus…»
Ça c'est pas de lui...


Faut-il rappeler que nous avons tous travaillé plus ces dernières années ? Et ce, non sans bons résultats. Notre pouvoir d'achat a lui, dégringolé.
Merci pour cette leçon d'honnêteté.

Ce qui a changé à la FNAC

La FNAC a toujours cultivé sa différence, et son image d’agitateur, pour vendre. Et cela a très bien fonctionné, puisqu’elle est une des enseignes favorites des français. Un mélange rassurant de culture et de nouvelles technologies. La diversité, ainsi que la qualité de conseil et de service suffisent à faire vendre. Car les clients viennent, et reviennent. Ils adhèrent, et ont l’impression de faire partie d’un club d’achat pour personnes éclairées. Le succès est tel que la FNAC n’a plus besoin de faire de publicité, elle est devenue une véritable institution.

Dans son organisation interne, la FNAC était encore il y a quelques années, un modèle. Une rémunération collective qui met en valeur le professionnalisme de ses vendeurs. Des vendeurs qui sont payés pour vendre, et non pas qui vendent pour être payés.
Les employés FNAC jouissent alors d’un pouvoir d’achat intéressant, et de bonnes conditions de travail : comité d’entreprise, prime de vacances, treizième mois, intéressement, participation….
Aussi, ils bénéficient d’une certaine considération, d’une prise en compte de leurs compétences, de formations régulières, et d’un véritable pouvoir de décision sur les produits et la marche d’un rayon. A l’époque, on portait le gilet vert avec une certaine fierté. Rentrer en tant que collaborateur à la FNAC était synonyme de réussite.

Les changements des dernières années :

Centralisation, Marges arrières :
Tout d’abord, les vendeurs perdent de leur autonomie en donnant plus de pouvoir à la centrale d’achat, qui est maintenant seule décideuse du choix des produits. Les vendeurs n’ont plus la main. Au contraire, on leur instaure des plans de vente, produits bénéficiant de marges arrières supplémentaires, parfois baptisées « le choix des vendeurs fnac ». Ainsi la centrale pilote les marges, de manière opaque, et récupère donc facilement une plus grosse part. Plusieurs entités et filiales de PPR servent d'intermédiaires et récupèrent ainsi des points de marge.
C’est une manière de faire baisser les marges aux yeux de tout le monde, mais pas aux yeux du portefeuille des actionnaires. Ainsi la chute des marges n’a jamais eu lieu. Elles ont tout simplement été transférées "ailleurs".

Services, vente à crédits :
Les rayons produits techniques instaurent peu à peu l’ambiance du paiement à la guelte :
Stress, pressions, concurrence entre vendeurs. Pourtant sans les avantages, c’est à dire, une bonne commission. Les vendeurs se tirent la bourre, mais ne gagnent pas plus. Même la VMEI n’est qu’une illusion de commission.

Même chose au service clients, avec les cartes FNAC, et les crédits. On oblige maintenant les clients à ouvrir des cartes de crédits, et non plus des cartes de fidélité. En effet, les employés du service adhésion sont mis en concurrence, et parfois sous une pression insoutenable.
Les chantages qui s’accompagnent sont fréquents : chantage à l'embauche, pour un CDI, ou même pour obtenir un simple jour de congé. Il s’agit d’instaurer une ambiance de paiement à la guelte, pour mieux diviser les employés, mais sans la guelte.

Ainsi, peu à peu, et au fil des abandons de postes et licenciements le vendeur expert s’est transformé en vendeur stagiaire. Des équipes de produits techniques, sensées être pointues dans leur domaine, qui comportent cependant les caractéristiques d’un turn-over de mac donald. Les contrats précaires se suivent et se ressemblent… De moins en moins orientés produits, mais résolument assurances, crédits, cartes fnac. Les formations produits, disparaissent peu à peu…
Si tout doit changer à l’intérieur, rien ne doit paraître à l’extérieur. Car il s’agit de notre image de marque, celle qui attire nos clients. Nos vendeurs doivent rester aux yeux de nos clients agitateurs, experts, indépendants, cependant au service de produits plan de vente et de certaines marques…

C’est cette prise de conscience qui exprime le paradoxe du vendeur fnac. Vendeur expert mais vendeur stagiaire. Vendeur indépendant mais vendeur de plan de vente. Vendeur sous pression mais vendeur sans commission.
Un vendeur au statut incohérent, qui plus est en sous-effectif chronique.

Les clients, eux, ne sont pas au courant. Ils attendent toujours au tournant leur vendeur expert et objectif. Ils attendent aussi, et c’est normal, qu’on ait le sourire et que l’on soit proche de leurs attentes.
Aujourd’hui peu de vendeurs peuvent se targuer d’être toujours aussi assidus dans la connaissance de leurs produits. Déjà parce que ce ne sont plus leurs produits. Mais surtout parce qu’ils n’ont plus le temps ni la motivation. Car si la clientèle augmente, le nombre de vendeur a au contraire tendance à se réduire. Leurs compétences et taches, elles, augmentent toujours plus.
Pour couronner le tout, les augmentations de salaires disparaissent peu à peu. Elles atteignent aujourd’hui la nullité. Que dire de l’intéressement pas intéressant, qui a été divisé par 4 en 4 ans dans certains magasins. La participation chute aussi. Notre pouvoir d’achat a ainsi considérablement baissé et nos avantages qui faisaient notre spécificité, disparus.
Les perspectives d’évolution s'évanouissent ou s’adaptent aux esprits les plus conciliants.

En prenant en compte l’inflation et la hausse du coût de la vie, le salaire moyen du vendeur FNAC a fortement baissé, tandis que les bénéfices de la FNAC ont explosé.
Les pressions, elles, se multiplient. Les abandons de postes sont monnaie courante, dépressions, absentéisme… A la Fnac on ne sait plus gérer qu’au stress. Et ça ne fait que commencer. Car le travail de sape organisé par la direction a commencé par les syndicats, qui s’effritent voire disparaissent. On les dit inutiles, mais ils sont les seuls garants des respects de nos droits et libertés, face à des abus beaucoup plus dangereux.
Les salariés sont désinformés, et manipulés. Beaucoup de gens ne comprennent pas ces changements, et suivent la direction, car nous sommes habitués à leur faire confiance depuis longtemps. Mais aujourd’hui c’est un fait, les employés de la fnac sont totalement méprisés.

Les clients aussi. Ainsi depuis quelques années, les remises baissent, voire disparaissent… déjà au livre, mais aussi aux produits techniques, où de mystèrieuses "affaires de FNAC" se multiplient...
Ce sont des affaires qui n’ont d’affaires que le nom. C’est la direction qui choisit de « bloquer » ou non les remises sur tel ou tel produit, pour « protéger la rentabilité »… Pourtant, la fnac communique toujours autant sur les remises faites aux adhérents, qui déchargent leur colère sur des employés incapables d’expliquer le pourquoi du comment de ces "affaires". Car la direction n’explique rien. Peut-être trop occupée, la-bas, en arrière, avec les marges du même nom. Car les marges officielles fondent, voire passent en négatif, bloquant toute forme de visibilité et de remise.
De toute façon, les clients bronchent, mais reviennent. Ils ont une carte adhèrent, elle doit bien servir à quelque chose non ? Non.

Voila comment la fnac est en passe de réussir son pari : avoir le fonctionnement le plus économique possible, tout en gardant la meilleure image possible. Ou comment gagner le maximum avec le budget le plus ridicule possible. Et le budget, c’est nous. Nous sommes ridiculisés.

Les Raisons de notre immobilisme

1. L’inefficacité des syndicats

Parfois absents, souvent trop peu nombreux, les employés syndiqués n’ont plus la cote à la FNAC.

Entre eux, les syndicats ne s’entendent pas, et n’adaptent pas leurs supports de communications. Le message est souvent rébarbatif, rétrograde, et n’atteint souvent pas la conscience des employés…. La plupart d’entre eux à même oublié à quoi ils servaient. Dans un monde idéal nous n’aurions pas besoin de syndicats. Mais aujourd’hui il est essentiel que les employés de la FNAC aient des représentants du personnel dignes de ce nom, qui ont les capacités de défendre leurs intérêts.

Un syndicat est une association qui a pour but de défendre nos intérêts, mais il dépend de vous tous d’améliorer leurs actions, car ils vous représentent. Avec plus de soutien, et donc avec plus de poids, leurs actions gagneraient évidemment en qualité. Cela dépend de vous tous d’améliorer nos représentants.
Si tout le monde semble d’accord en coulisse sur les nouveaux dysfonctionnements de la FNAC et les pratiques scandaleuses qui l’accompagnent, on y semble aussi résolus, accoutumés à l’idée de se faire avoir.

Ainsi on se plaint des syndicats, on dénonce leur présomption. « la Fnac à vendre ?! » ils débloquent. Suppression de postes de back-office ? Mais non ils racontent n’importe quoi.

Ils vont soit trop vite, soit droit dans le mur, ils sont dans tous les cas à coté de la plaque.
Cependant, vous entendrez les gens faire preuve, en privé, de beaucoup plus de virulence à l’égard de la direction. En effet, en privé, les langues se délient, cadres, salariés, employés de back-office. Tous dénoncent des conditions inacceptables et le manque de soutien, de défense, de coordination.
Les « AG » sont désertées. L’information ne passe plus. Mais d’ailleurs, pourquoi les AG sont désertées, puisqu’elles ne sont que des réunions d’information ?

2. La peur

Oui, la peur. Tous les salariés ont peur, malgré leur statut très protégé, la baisse de notre pouvoir d’achat a engendré, tous les ans, une hantise : vais je être augmenté cette année ?
Quand bien même l’augmentation ne vient plus ou presque (10 euros ? 15 euros ?!), c’est chaque année la même rengaine.
Avec la collaboration des cadres, la direction surveille de près tous les « écarts » de comportement vis à vis du nouveau projet.
Ceux qui parlent trop forts, sont priés de partir. On hésite pas à utiliser des méthodes d’intimidation : chantage, menaces, pressions…

On a peur d’aller aux AG. Alors l’idée même de faire grève… Quand bien même on en meurt d’envie. Souvent ceux qui se plaignent ont aussi très peur, et se cherchent des excuses, soit en dénonçant l’inefficacité et la présomption des syndicats, ou bien en arguant sur une possible promotion au augmentation de salaire « imminente ».
D’autres se complaisent dans la suffisance : « nous avons de la chance de travailler, nous ne sommes pas au chômage ». Pas encore oui. Mais ce n’est parce qu’il y a pire ailleurs que ne devons accepter ce que nous ressentons tous comme des mauvaises conditions de travail. Au contraire c’est en rehaussant la moyenne que nous aideront ceux qui ont pire ailleurs.

3. La manipulation

Accoutumés à l’idée de se faire avoir… et avec le sourire. Comme tous les débriefings de fin d’année, qui vous annoncent que les journées harassantes que vous avez passées n’ont servi à rien, car les marges ne sont pas au rendez-vous ! Alors non, comme l’année dernière (vous savez, cette fameuse année ou c’était aussi comme l’année dernière), le budget pour les salaires n’augmentera pas. L’intéressement ?! Biensur que non, la fnac est au bord de la faillite on vous a dit ! Mais dans la presse ils disent que … chut ! Vous n'êtes pas corporate !

Ainsi, venus pour dîner, votre hôte vous répète chaque année à la même époque, la bouche pleine, et les miettes au bord des lèvres, que non, il n’y a rien à manger….
Pourtant, croyez-le, la Fnac n’a jamais aussi bien marché. Leader partout. Tout fonctionne. Même le disque ne chute pas comme c’était attendu… Au contraire les mp3, la micro explosent ! Mais l’intéressement baisse, inexorablement… Depuis quand ?! Ce serait pas depuis que Denis Olivennes dirige la Fnac ? Bingo ! Merci pour le 14e mois ! Comme convenu, il fait l’inverse de ce qu’il promet. Il nous promet quelque chose qu'il nous enlève.
Faites attention, il a aussi promis que ceux qui bossent allaient gagner plus… On peut s'attendre à faire du bénévolat.

Pour les sujets vraiment litigieux, importants, une grande réunion plénière ne suffit pas. Il faut opérer par petits groupes, voire même individuellement, se servir des cadres comme de petits soldats. Se servir de personnes que nous voyons tous les jours, à qui nous avons l’habitude d’obéir, des personnes que nous devons respecter. Des personnes de confiance, la plupart du temps.

Ainsi dans la plupart des FNAC, des entretiens individuels, des mini réunion, cependant très longues, voient plusieurs cadres s’occuper de petits groupes de salariés, pour leur faire écrire, et dire, tout le bien qu’ils pensent du projet métier, ou du projet 100% client. Ainsi on vous pose des questions souvent orientées vers des réponses que l’on vous donnent sur le champ, que l’on vous souffle à l’oreille pour que vous ayez l’impression d’avoir réfléchi tout seul. Ainsi on crée l’évidence, la nécessité d’un changement vital pour l’entreprise .
Ils vont pousser le vice jusqu’à ce vous vous engagiez, vous mêmes, à respecter tout ce que vous avez dit et écrit au court de ces entretiens. Sans aucune explication des conséquences.


4.L’endoctrinement

Manipulation, peur, stress, voici la nouvelle doctrine de la fnac : Marche ou crève….
La direction fait ainsi pression sur les cadres, dont la situation est peu enviable. Exécutant ou exécutés… Les plus « humains » sauteront sans délais (ça a déjà commencé). Les autres devront s’adapter, et se battre. En dominant leurs équipes, en durcissant le ton. C’est le nouveau mot d’ordre. Durcir le ton, faire preuve d’autorité. Nous rendre plus malléables et plus dociles. C’est plus attirant pour notre futur repreneur qui ne veut pas prendre de risque. Ah ça c’est sur, la Fnac se vendra très bien, mais alors très très bien.
Les cadres vont donc s’occuper de nos cas, parfois à contre cœur, pour protéger eux aussi leurs arrières et obtenir leurs primes.

Les chiffres, quant à eux, sont détournés, retournés, et rendus incompréhensibles. On lit des négatifs, on nous décrit avec gravité des formules et des nombres terribles annonçant une prochaine famine. Mais au contraire, dans la presse, vous pouvez découvrir que PPR décolle grâce aux excellentissimes résultats de la FNAC. Ainsi les actionnaires récupèrent beaucoup plus que l’année dernière, qui était déjà exceptionnelle.

S’il est normal qu’un actionnaire récupère des intérêts de son investissements, il est anormal que les excellents résultats d’une entreprise nuisent, oui NUISENT, à ceux qui les accomplissent, jour après jour.

Le Projet 100% client

Le projet 100% client a pour thème principal le changement de comportement des vendeurs FNAC. Ou comment transformer leur mauvaise humeur en argument principal pour les rendre plus productifs.
C’est vrai, c’est une réalité, l’ambiance est morose à la FNAC. Nos vendeurs sont réputés désagréables, fainéants. C’est oublier les bénéfices extraordinaires que nous engendrons pour le compte de PPR, années, après années, sans rien en retirer. Travailler plus, rapporter plus, et gagner moins, ça peut nous rendre de mauvaise humeur, en effet.

La direction se sert de cette situation pour justifier le projet 100% client. On dénonce le vendeur désagréable caché derrière sa caisse, fuyant la clientèle, et les salariés sont habilement rendus responsables de leur manque de motivation et de leur mauvaise humeur, comme si celle ci n’avait pas lieu d’être. Comme s’il pouvait y avoir de la fumée sans feu. Comme si nous pouvions être méprisés, mal payés, divisés, manipulés, mais par contre heureux de venir travailler, volontaires et accueillants. En tout cas c'est très habile, puisque certains se donnent beaucoup de mal pour essayer d'y croire.
Ainsi, de la même manière que le projet métier, on nous organise des petits sessions de bourrage de crane, ou nous devons nous engager, remplir des petits tableaux. Faire comme si l'idée venait de soi. C'est très fort, et on obéit bien sagement.

Les autres thèmes de 100% client sont la rentabilité, et l’optimisation des taches. C’est donner plus de charge de travail à chacun en nous mettant en concurrence, et supprimer ce qui dépasse. On va couper, à droite, à gauche, jusqu’à ce qu’on obtienne le meilleur rendement possible, sans se soucier d’aucune façon de choses inutiles appelées « bien être », « pouvoir d’achat », « satisfaction client ».
Travailler sans back-office nous sera très pénible, mais peu importe, tant qu’on ne s’écroule pas, c’est que ça fonctionne.
Bref, rentabiliser, briquer, faire briller et admirer cette superbe machine avant de la… vendre, évidemment.

Le client, pourtant visé nommément par ce projet, paye pourtant l’addition. Car au lieu d'avoir un vendeur compétent, objectif, et naturel, il aura en face de lui quelqu'un de formaté, guidé par ses plans de vente et son C.A, et sous pression permanente.
Pourtant, ils auront toujours une image d’experts indépendants, et continueront donc d'affluer vers la dernière enseigne « honnête ». Ils s’attendent à rentrer dans une bergerie, sans se douter qu’une meute de loups aux plan de vente acérés les attendent. Des loups cependant affamés. On leur promet juste bientôt que les meilleurs d’entre eux pourront espérer quelques miettes si la meute entière est encore plus performante que l’année dernière. D’ici à ce qu’ils se bouffent entre eux…..

C’est un des principal outil du projet 100% client : nous affamer, pour ensuite nous appâter. Baisser nos rémunérations de façon globale, pour ensuite proposer à quelques uns des primes qu’ils atteindront rarement... Le tout en masquant notre mécontentement on nous responsabilisant sur l'accueil clientèle.

Tu as mal ? C'est dans ta tête alors tais-toi !

« Mouillez le maillot et vous serez récompensé », nous dit Denis Olivennes. Mais nous sommes déjà trempés. Presque noyés.

De même il nous promet qu'il n'y aura pas de caporalisme, mais c'est tout l'inverse qui se réalise.
Les petits chefs se multiplient pour optimiser la gestion au stress, et atteindra son apogée lorsque notre rémunération sera encore plus individualisée. Le paiement à la guelte s’installe peu à peu, avec le stress et la mauvaise ambiance de travail, sans parler de l’insatisfaction des clients.

100% client, c'est donc l'assurance productivité de Denis Olivennes. 100% client, c'est avant tout 100% actionnaire. Et c'est malheureusement 0% client, 0% employé.

Le Projet métier

Le projet métier est passé inaperçu. Pourtant la direction n’a pas lésiné sur les moyens pour mettre en place son bourrage de crane... Pas question de rentabilité dans ces cas la.
Des techniques de manipulation très performantes ont endormi la vigilance de tout le monde. Les employés sont habilement séparés en petits groupes, et convaincus par leurs cadres, des bienfaits du projet métier, un projet en accord avec son temps, pour notre bien. Le projet métier, le projet qu’il nous faut.

En réalité, il officialise la polyvalence des vendeurs. Il définit précisément toutes les taches de chaque vendeur, de la gestion à l’encaissement. Des taches qui n’entrent évidemment pas dans le champ de la commission. Ainsi vous ne pourrez pas espérer faire des chiffre d’affaire individuels impressionnants, puisque vous serez tenu d’accomplir d’autres taches et subirez des pressions pour les accomplir. Évidemment, on ne peut pas laisser des vendeurs commissionnés ne faire que des factures, ce ne serait plus rentable. Il faut aussi les tenir en laisse, qu’ils rangent le rayon, et pourquoi pas accomplissent le travail des caissiers ? Bientôt les vendeurs passeront l’aspi, changeront les ampoules. C'est dans la suite logique des choses.
L’expertise, la compétence, on s’en fout. On a juste besoin de machines à facturer et à faire ce qu’on leur dit. Point barre.
Le projet métier freine aussi toute tentative d’évolution. Elle la rend plus difficile et plus longue.

L’avenir immédiat c’est donc :
  • Des vendeurs de plus en plus polyvalents, aux taches et objectifs démultipliés : vente d'assurances, vente de crédits, vente de carte fnac, encaissements, …
  • Une rémunération globale en baisse, charge de travail en hausse, ambiance délétère
  • Qui dit vendeurs polyvalents, dit suppression de postes de caissiers, et de vendeurs trop spécialisés : livre, disque, libre service, … les autres migreront en fonction de l’affluence. Un jour en téléphonie, un jour en micro, un jour en photo, un jour au disque.
  • Suppression de postes du back-office (c’est maintenant une réalité) : tous les services de paye sont délocalisés… transformés en hotline. Vos congés se saisiront sur intranet.
  • Suppression des postes de maintenance (réduction au minimum, sous-traitance, …)
  • Réduction des postes de cadres : on envisage en moyenne 2 Responsables de Département par magasin : produits techniques, et produits éditoriaux. Vous comprenez maintenant pourquoi ils stressent aussi.

Vous n'y croyez pas ? Regardez notre boule de cristal, appelée FNAC Périphérie. Ils fonctionnent déjà comme ça. Les nouvelles FNAC "hangars", aux effectifs ridiculement faibles, et rémunèrés encore plus bas que les autres !
La recherche de rentabilité va enfoncer nos conditions de travail dans la médiocrité.

Puis, la revente. Et la, tout est permis : suppressions de postes, suppression du 13e mois, tout est possible pour notre futur repreneur qui aura eu auparavant cette magnifique démonstration de malléabilité de la part de Denis Olivennes et François Henri Pinault.

Chers Collègues

Notre entreprise change dangereusement, et nous pensons qu’il est temps de nous exprimer. Si nous cultivons avec succès notre image d’agitateur, la FNAC s’agite d’une toute autre manière de l’intérieur : s’alignant sur des méthodes indignes et injustes, elle trahit les principes et les personnes qui l’ont amenée à sa réussite.

Nous sommes cadres, salariés, vendeurs de produits techniques et éditoriaux, caissiers, à FNAC Paris et Codirep. Nous sommes de gauche, de droite. Nous sommes jeunes, et moins jeunes. Syndiqués ou non. Nous avons tous en commun de porter le gilet vert, et ce, non sans fierté. Nous aimons notre entreprise et son idéologie. Nous avons décidé de nous associer, indépendamment des syndicats, dans le but de vous informer et de vous faire réagir.

A la FNAC, les esprits sont tellement manipulés que peu de monde ne comprend les enjeux. De plus, personne n’ose exprimer ses réticences face à des changements inacceptables, de peur des pressions. Il s’instaure un régime de terreur qui nous pousse à réagir publiquement

Si nous sommes indépendants des syndicats, nous soutenons leurs actions, essentielles. Nous souhaitons les compléter par un message plus actuel et concret, indispensable à la justification des actions syndicales. Nous souhaitons aussi informer l’opinion publique de la chute d’une des plus belles entreprises commerciales françaises, point d’orgue d’une époque qui ne respecte plus les consommateurs.

Certains d’entre vous ne connaissaient pas la FNAC d’avant. C'était il n'y a pas si longtemps. Quelques années tout au plus. Elle s’évanouit peu à peu. Nous n’étions pas sous pression permanente. Nous étions rémunèrés pour conseiller et vendre, avec justesse, honnêteté, et respect. Nous étions alors tous fier de notre métier. Et considèrés, respectés par notre hiérarchie. Nous étions la force de la FNAC. Nous étions des experts, formés, qualifiés, et reconnus.

Notre rémunération était à la hauteur de notre succès : un salaire fixe, une variable collective, une participation et un intéressement élevés, ainsi qu’un treizième mois. Notre pouvoir d'achat était intéressant. Rentrer à la FNAC était synonyme de réussite.
Aujourd’hui, le pouvoir d’achat d’un employé fnac a très fortement baissé. Beaucoup d’entre nous ont du mal à joindre les deux bouts, alors que le stress et les cadences imposés par des sous effectifs chroniques, ont augmenté. On nous en demande toujours plus, en nous donnant toujours moins.

Maintenant, nous allons nous concurrencer, entre nous. Denis Olivennes veut des compétiteurs. Nous allons nous battre pour des miettes, et ce, au mépris de nos clients. Leur vendre le plus cher, leur facturer le plus de choses possibles, les inonder de crédits et de mensonges en tout genre. Leur insatisfaction sera croissante. C’est sans parler de la votre.

Certains d’entre vous ont la tête qui tourne quand on parle de commission. C’est parce que vous avez « la dalle ». C’est vrai, au vu de nos intéressements ridicules, et de la suppression des augmentations, notre pouvoir d’achat a fondu en 5 ans. Certains croient aux chiffres et aux justifications avancées par la direction. Lisez donc la presse. Ouvrez les yeux. La Fnac, et PPR, flamboient. Parce que nous avons la meilleure image possible, la clientèle la plus abondante, les vendeurs les plus réputés, mais aussi les moins bien payés.

Avec cette commission, vous le serez encore moins. Au global, un salarié FNAC gagnera beaucoup moins avec cette commission qu'avec nos variables collectifs et avantages d'il y a quelques années. Elle ne sera pas régulière, car elle sera le plus souvent minorée selon des calculs et objectifs obscurs. On vous appâte avec des gains hypothétiques qui étaient systématiques et supérieurs il y a peu.

On vous dit que la marge baisse à la FNAC, c’est faux.
Avant nous achetions aux fournisseurs. Aujourd’hui nous achetons à des entités de la FNAC, qui achètent à des entités du groupe PPR, qui achètent et négocient de façon plus intéressante aux fournisseurs. Intéressante pour PPR. Pas pour nous. PPR se souvient de nous uniquement quand ça l'arrange. Mais pas quand il s'agit de partager les bénéfices.
Cette année, les actionnaires PPR ont récupéré 26% de leurs investissements grâce, notamment, aux très bons résultats de la FNAC.
Voici comment les excellents résultats d’une entreprise florissante nuisent aux employés qui les accomplissent.
Notre intéressement a baissé, notre participation aussi. De savants calculs nous sont présentés pour justifier cette perte. "La Fnac, de bons résultats ? Bien sur que non voyons ! On est au bord de la faillite !".
Mais publiquement, les chiffres sont extraordinaires, et les actionnaires jubilent.

Autrefois nous travaillions en confiance, au sein d’une entreprise juste. Notre confiance a été abusée, mainte fois, jusqu’à en arriver la.
N’oubliez pas non plus que le projet métier nous astreint maintenant à une polyvalence des tâches : vente, encaissement, gestion, merchandising. Vous serez contraints de mener à bien ces taches, tout en sachant que votre commission ne se gagnera qu’à la vente. Ainsi vous serez tout le temps dans l'urgence, sous pression permanente. Ce sera à qui fait le plus vite et le plus cher ses factures, tout en gérant au mieux le reste. Vous vous piquerez des ventes entre vous. Vous serez amenés à vous détester. Diviser pour mieux régner.

C’est d’une main de fer que Denis Olivennes change la FNAC. Pourtant nous sommes la majorité écrasante à dénoncer cette situation injuste et néfaste.

Nous devons réagir. Même si nous avons peur. De ne plus plaire à nos responsables, à nos dirigeants. Mais croyez bien que vous ne leur plaisez déjà pas du tout. De même qu’un bourreau n’aime pas ses victimes, il doit se nourrir de rancoeur pour réussir à accomplir son office. Car au fond, ils sont aussi dégoûtés que nous.
Si nos cadres restent prudents et exécutent les ordres, la plupart n’en pense pas moins. La plupart n'attendent qu’une chose, que nous réagissions. Car ils sont tous sur la sellette. Celui qui ne respecte pas la mouvance actuelle, sort. Ça a déjà commencé. Les plus "humains" tombent comme des mouches.
C’est à nous, salariés, au statut protégé, de prendre l’initiative.

Enfin, nous pensons que la finalité de ces changements n’est pas d’assurer la pérennité de la FNAC, mais de la rentabiliser sur du très court terme, pour la revendre rapidement.
En effet, il est facile de deviner les conséquences désastreuse de la perte de l'éthique FNAC. Car si les gens viennent parfois dans la cohue, c’est qu’il y a quelque chose à venir chercher. Une qualité et un choix qu’il n’y a plus ailleurs. Si nos compétences disparaissent, nos clients partiront avec, à la recherche de meilleurs prix et services. Nous ne pouvons que décevoir massivement nos clients en adoptant la politique paradoxalement appelée « 100% client ».
Mais nos dirigeants profiteront de notre notoriété basée sur nos précédentes années. De même que lorsqu’on coupe le moteur d'une voiture lancée à pleine vitesse, elle continue d'avancer. Nous continuerons les bénéfices, "sans contrepartie". Sans ce qui est moteur de notre succès : notre qualité de conseil et de choix. Sans rémunérer convenablement. Sans conserver ses meilleurs éléments.
Les résultats exploseront sur du court terme. Et ce sera le moment de revendre. PPR fera une plus value extraordinaire. Denis Olivennes planera vers les sommets sous son golden parachute. Le futur acquéreur jubilera, puis rira jaune, quand la voiture s'arrête.
Et nous aurons perdu la plus belle entreprise de commerce qui soit.

Denis Olivennes est entrain de réaliser une démonstration de rentabilité et de malléabilité aux futurs acquéreur de la FNAC. Montrez leur que nous ne sommes pas prêts à accepter n'importe quoi. Après une revente, la même chose peut se passer, en bien pire. Du 200% client. Supprimer le treizième mois, nous ôter définitivement toute forme de liberté d'action. Supprimer des postes en masse.

Voulez-vous être transformés en machine à facturer ?
Voulez-vous tromper vos clients à la chaîne ?
Vouez-vous enfoncer cette si belle entreprise dans la médiocrité ?


Cher collègues, nous pouvons vous assurer qu’autrefois, il faisait bon de venir travailler à la FNAC. Et que cet autrefois n’est pas si lointain. Nous pensons qu’une grève seule ne suffirait pas à faire fléchir la machinerie imaginée par Denis Olivennes. Nous pensons que cette grève est d’ores et déjà prévue et anticipée. Nous pensons que le seul moyen de sortir de cette situation est de sensibiliser nos clients et l'opinion publique.

Chers collegues, nous sommes encore libres, pour quelques mois. Libre de ne pas vendre ce que l’on nous impose. Libre de ne pas être tenus en laisse par une commission. Libre de conseiller au mieux nos clients. Conseillez leur le juste choix : celui de ne plus adhérer à la FNAC si celle ci adopte les méthodes d’une quelconque grande surface. Celui de ne pas faire confiance à des gens qui ne la méritent pas. Profitez de ces heures, de ces jours de liberté. Communiquez, faites du bruit, c’est notre seule arme. En cette période electorale, elle peut s’avérer efficace.

Chers collègues, vous qui êtes encore des agitateurs,
agitez-vous !