26.6.07

Communiqué Fnac Service

Fnac Service : 60 licenciés saisissent les prud'hommes

Une soixantaine des 231 salariés que comptait la société FNAC SERVICE il y a un an a saisi le Conseil de Prud’hommes de BOBIGNY pour voir constater :

- des graves manquements qui ont été à l’origine de mesures de licenciement massivement notifiées en violation des dispositions légales et des engagements pris par la direction de la société dans un plan de sauvegarde de l’emploi arrêté en juillet 2006

- des violations systématiques de la législation et de la réglementation du travail pénalement sanctionnées puisque de très nombreux salariés étaient précairement embauchés à temps partiel alors qu’ils travaillaient illégalement presque à temps complet par le biais d’heures supplémentaires.

Triste bilan pour une société et un groupe qui, avec une rare indécence, se targuaient il y a un an de reclasser TOUS les salariés concernés par le projet de fermeture.

On rappellera que le 18 mai 2006, soucieux d’augmenter ses profits, le groupe PPR a décidé de fermer définitivement sa filiale Fnac Service spécialisée dans les travaux photo et s’est publiquement engagé à reclasser l’ensemble des 231 personnes aux termes de communiqués de presse massivement diffusés.

Le motif officiel de cette fermeture : le passage de la photographie argentique au numérique comme si cette mutation n’avait pu être anticipée ! Les salariés pâtissent donc de la sidérante imprévoyance d’une direction qui n’avait pas pris les mesures nécessaires pour s’engager dans la photographie numérique comme ses principaux concurrents ont pu le faire.

Le véritable motif : pendant 30 ans, Fnac Service a régulièrement fait remonter au Groupe FNAC d’importants bénéfices qui ont été ensuite distribués aux actionnaires alors que s’ils avaient été réinvestis au sein de l’entreprise, celle-ci aurait pu gérer sans difficulté cette mutation notamment au travers d’une Gestion Prévisionnelle des Emplois et des Compétences (GPEC) qui a fait cruellement défaut.

Lorsque ces profits ont diminué, la société comme ses salariés ne présentaient plus aucun intérêt aux yeux du Groupe, mais il fallait s’en débarrasser « proprement » aux yeux de l’opinion publique, d’où la campagne bien orchestrée par les puissants services de communication maison.

Pour faire bonne figure, la direction à travers son directeur général : Stéphane Grodner, s’est donc engagée à reclasser tous les salariés soit au sein de la FNAC, soit au sein des différentes structures composant le Groupe PPR. Engagement peu contraignant en réalité : les 231 salariés devaient facilement être reclassés dans un Groupe qui en compte 85.000 et qui réalise un chiffre d’affaires annuel de 17,8 Milliards d’Euros. Les salariés croyaient pouvoir donner leur confiance à FNAC SA qui s’auto-proclame « entreprise citoyenne » comme au Groupe PPR qui revendique, sur son site internet, sa « responsabilité sociale » et assure manifester toute son « attention aux hommes et femmes » qui oeuvrent chaque jour à la prospérité de ses actionnaires.


Cette confiance a rapidement été trahie. A ce jour, à peine une soixantaine de salariés a été difficilement reclassée
… soit 30 % seulement, au sein de FNAC SA, et pas plus de trois dans les autres filiales du Groupe PPR ! La direction en est tellement consciente qu’elle communique des chiffres de reclassement totalement fantaisistes dans lesquels elle prend en compte les salariés...licenciés et qui ont ensuite retrouvé, par leurs propres moyens, un emploi en dehors du groupe.



En réalité, aucune action sérieuse de reclassement n’a été engagée malgré les moyens dont dispose ce puissant et prospère groupe économique. Ni la direction de la société, ni celle du groupe, n’ont mis en oeuvre les moyens nécessaires pour permettre ces reclassements. Aucune structure n’a été mise en place, dédiée à ce reclassement, sans doute pour éviter des dépenses que ce groupe plus que profitable a préféré affecter ailleurs.
Le Comité d’entreprise a saisi une première fois la justice.

Par ordonnance du 5 janvier 2007, le Tribunal de Grande Instance de BOBIGNY a pris la mesure de non seulement rappeler les groupes PPR et FNAC à leurs obligations légales mais a également tenu à fustiger la déloyauté manifestée par ces sociétés dans l’exécution du Plan de Sauvegarde de l’Emploi au sein de la filiale FNAC SERVICE. La direction de FNAC SERVICE et du Groupe PPR n’en ont eu que faire. A preuve, et témoignant d’un stupéfiant mépris à l’égard des salariés concernés et d’une curieuse conception du respect dû à l’autorité judiciaire, la FNAC a annoncé, le matin même de l’audience, le 2 janvier 2007, l’envoi de 46 lettres de licenciement aux vendeurs affectés aux magasins lesquels ont donc appris leurs licenciements au cours des débats devant le Tribunal !



Et à peine quatre semaines plus tard
, alors que toujours rien n’avait été sérieusement mis en place pour veiller au reclassement défaillant, c’est à nouveau plusieurs dizaines de salariés qui se sont trouvés licenciés au mépris des engagements de reclassement publiquement pris quelques mois auparavant. L’Inspection du Travail de MONTREUIL vient tout récemment de dénoncer ces graves carences en refusant d’autoriser les licenciements des représentants du personnel et en constatant que la direction de la société n’a pas respecté ses engagements. C’est donc soixante de ces salariés – auxquels doivent sans doute se joindre d’autres – qui ont déjà saisi le Conseil de Prud’hommes pour voir sanctionner ces graves violations de la loi.

Ce sont ces mêmes salariés ainsi brutalement et illégalement licenciés qui ont vivement apprécié les récents propos tenus par Denis Olivennes, PDG de la FNAC, (Le Figaro.com, 27 avril 2007), et notamment :

« La FNAC ne licenciera pas. Je m’inscris dans sa tradition d’exemplarité sociale et la dynamique économique de l’entreprise lui permet de gérer en douceur ses mutations »

« S’il fallait faire un pacs avec chaque salarié pour qu’il n’y ait pas de licenciement, je le ferai ».






En photo, le dernier magasin parisien encore ouvert malgré les apparences. Trois des cinq élus du Comité d’Entreprise y travaillent en tant que responsables de magasin.

Plus de marchandises disponibles, plus de tirages numériques sur place, plus de photos d’identité, plus d’approvisionnements, la direction étant venue nous chercher des produits pour livrer les magasins franchisés, qui eux-mêmes entament une procédure en justice contre fnac service. En guise de publicité extérieure, Ce superbe caliquot « BAIL A CEDER » orne la façade du magasin depuis le début de cette année !

Fnac Service 38 rue du poteau 75018 PARIS

Dernière info : il n'y a plus de travaux photos dans notre magasin depuis le 12 JUIN sur ordre de la direction.


Commentaire Blogofnac : Nous, employés de la Fnac, avons la chance de pouvoir anticiper l'avenir et décrypter ce que communique notre direction en prenant exemple autour de nous. En s'informant justement sans être influencés par quiquonque. Les mésaventures des Fnac Service sont une répétition de ce qui a d'ores et déjà commencé chez nous. Le fonctionnement des Fnac Périphérie est un avant-goût de ce qui attend tous les magasins de l'enseigne.

Vous ne pourrez pas dire que vous n'avez pas été prévenus.

17.5.07

Appel à la grève le jeudi 24 mai

La date du jeudi 24 mai a donc été officiellement maintenue pour notre prochain mouvement. Nous espérons que vous serez nombreux à vous mobiliser. Pour les Fnac parisiennes, le point de rassemblement sera la Fnac des Ternes.

Cette date a finalement été retenue pour apporter un peu de changement, puisqu'il est vrai que nous avions choisi jusqu'à présent des vendredi ou des samedi. C'est donc offrir la possibilité aux effectifs du jeudi de se mobiliser aussi.
Nous vous invitons à être productifs en pancartes, banderoles et idées en tous genres.

Bon courage à tous !

Analyse de la crise sociale à la Fnac

Voici le rapport que nous a fait parvenir un étudiant en communication interne. Il décrit les étapes de la crise que nous traversons à la Fnac, puis analyse brillamment la situation. Nous le remercions pour sa contribution très intéressante.

L’agitateur culturel s’agite - Communication de crise

La Fnac est en train de vivre une crise sociale : le PDG, Denis Olivennes, a récemment annoncé la suppression de 300 postes dans les services administratifs. Sept syndicats ont alors appelés à la grève le 4 mai 2007.

8 mois avant la crise

Tout a commencé en octobre 2006, lorsque le PDG présente à l’ensemble de ses 900 cadres un plan stratégique pour les cinq prochaines années. La raison de cette décision est la baisse de rentabilité du groupe. Les syndicats réagissent à cette nouvelle en lançant un premier appel à la grève. Des rumeurs de licenciements et de rachat apparaissent dans le camps des salariés. Pour autant aucune communication ne semble être faite en interne.

7 mois avant la crise

En novembre, le PDG de la Fnac est interviewé dans La vie des médias sur LCI. Lors de son passage, il revient sur les bouleversements des modes de consommation. A cette époque, le PDG est conscient du plan social à venir. Pourtant il n’en dit rien. Cela peut sembler étrange, d’autant qu’il affirme que la Fnac ne cesse d’augmenter son chiffre d’affaire, « on continue de vendre beaucoup de disques : plus de 22 millions en 2005 ».

3 mois avant la crise

Le PDG de la Fnac publie un essai : La gratuité, c’est le vol. Quand le piratage tue la culture. Il y dénonce le piratage et entend protéger la culture. Par le biais de cette publication, il se légitime rapidement en tant que partie prenante à cette problématique.
Denis Olivennes est désormais une « référence » dans la polémique du piratage sur internet. Ceci peut être pour mieux préparer la crise à venir de la Fnac dans l’opinion publique ?

Le mois précédant la crise

Le 24 avril :
Une procédure de plan social est lancée lors du comité central d’entreprise, prévoyant la suppression nette de 300 postes d’ici à mi 2008. Un nouvel interlocuteur arrive alors sur la scène médiatique : le DRH. En effet, ce n’est pas le PDG qui annonce la mesure mais le DRH. Ce sera sa seule intervention. C’est à cette date que les syndicats annoncent la date du 4 mai comme grève nationale.

Le 27 avril :
Le PDG de la Fnac revient sur le devant de la scène en accordant une interview au Figaro dans laquelle il dément les rumeurs de licenciements, celles-ci prenant pourtant de plus en plus d’importance. Malgré cela, la Fnac semble rester dans une stratégie de transparence maîtrisée : elle ne communique uniquement sur ce qu’elle souhaite. Il semble par exemple exister un plan GPEC dont on n’entend pas parler. D’autre part, les inquiétudes des salariés quant à leur avenir ne sont pas levées.

Début Mai :
Pour répondre aux interrogations et craintes des salariés, des tracts et affiches réalisés par la direction sont distribués aux employés. La direction ressent sûrement le besoin d’informer en interne et mesure l’importance grandissante des revendications salariales.
L’intranet offre également la possibilité aux salariés de visionner un discours leur expliquant la situation. L’interlocuteur est toujours le PDG. Il s’est ensuite rendu sur les lieux de Fnac parisiennes afin d’écouter les revendications de ses salariés.
La communication envers les salariés fut tardive, la direction avait sûrement sous estimé les menaces de grèves et leur importance.


Pendant la crise

Le jour de la grève, les médias retranscrivent peu les propos de la DG, ce sont essentiellement les syndicats qui sont à l’honneur. On peut tout de même lire la déclaration suivante du PDG « la Fnac doit faire face à des changements dans son environnement comme la chute des ventes sur le marché du disque, la disparition des travaux photos et l’émergence d’Internet. »

Au lendemain de la grève

La déclaration du PDG que l’on peut lire dans Le Monde :
« Depuis trois ans, nous modernisons la Fnac dans le respect de ses valeurs humanistes. Il est normal que la réorganisation suscite des interrogations des salariés et la vigilance des syndicats. Je regrette que la réorganisation suscite des interrogations des salariés et la vigilance des syndicats. Je regrette que l’on n’ait pas réussi à négocier cette modernisation pourtant socialement responsable »
Le message se réoriente vraiment sur l’interne. Le PDG semble jouer la carte de l’empathie pour aboutir à des négociations.

Les différents acteurs

- le PDG : « nous sommes dans un secteur en pleine mutation » .
- le DRH : « nous devons nous moderniser ».
- les syndicats : « c’est une politique anti-sociale, c’est un danger pour la pérennité de l’entreprise et pour nos conditions de travail ».
- les salariés : « on ne comprend pas, l’entreprise se porte pourtant bien ».

Un autre « acteur » apparaît lors de cette crise : Internet. En effet, l’émergence des nouveaux médias prend toute son importance dans cette crise. Afin d’exprimer leur revendication politique sans étiquette syndicale, les salariés ont créé un blog : blogofnac. Novateur, cet outil met en exergue la nouvelle place des médias.
On comprend aussi, qu’il devient de plus en plus difficile pour une entreprise de gérer la crise dans son intégralité, devant la multiplication des sources d’informations. Il est alors nécessaire pour l’entreprise d’orienter sa communication afin de la rendre efficace.

La stratégie de la FNAC

Lors de cette crise, la stratégie de la Fnac semble d’élargir le problème. En communicant sur cette crise, la Fnac s’oriente sur un problème plus global : celui du piratage. Ainsi, en détournant le problème sur le piratage, l’opinion publique se disperse et en oubli le coeur - celui-ci, ni approfondi, ni même expliqué. La Fnac éveille un sentiment de culpabilité chez les consommateurs : « en téléchargeant, je détruis des emplois ». Elle s’oriente sur une thématique bien plus large et complexe que celle d’une restructuration. En « noyant le poisson », la Fnac conserve ainsi une image positive.

Cet argument semble pourtant faible. En effet, la Fnac va, ces prochaines années, créer plus de 3000 emplois par des ouvertures de magasins en périphérie des villes (NB : la Fnac est actuellement implantée dans les centre-villes). On peut alors se demander en quoi le piratage leur est néfaste ? N’est-il pas plutôt question d’une reclassification des métiers ?

Et pour cause, la suppression des emplois a uniquement lieu dans les services administratifs. La Fnac justifie cela par le changement de l’environnement, alors que l’argument du repositionnement stratégique serait plus recevable. En effet, la Fnac semble vouloir transformer ses disquaires et libraires en commerciaux. La nouvelle part variable attribuée aux vendeurs en est la preuve. La Fnac tend à acquérir une vocation plus commerciale que culturelle.

De plus, la Fnac semble tirer bien des profits de cette « nouvelle ère ». Elle est en effet leader sur le téléchargement en ligne via son site et ses parts de marché sur les produits numériques (IPod, clefs USB…) ne cessent d’augmenter.
Enfin, il ne faut pas l’oublier, la Fnac appartient au groupe PPR qui, entre le récent rachat de PUMA et le sponsoring de Laure Manaudou, se porte plutôt bien. Et ce, grâce à une stratégie commerciale offensive.

Sources :
Presse :
Fragilisée par Internet, la Fnac se cherche un nouveau modèle économique, le Monde, le 28 Octobre 2006
La Fnac menace de supprimer 300 emplois, le Monde, 24 Avril 2007
La Fnac va supprimer 300 postes d’ici à 2008 sans licenciement, le Monde, 26 Avril 2007
Les salariés de la Fnac en grève, le Monde, 04 Mai 2007
Les salariés de la Fnac redoutent un plan social massif et une vente de l’enseigne, le Monde, 05 Mai 2007
Fnac : 8% de grévistes selon la direction, Nouvel Obs., 04 Mai 2007
La Fnac s’interroge sur son avenir, l’Expansion, 03 Mai 2007
La gratuité va t elle tuer la culture ?, le Nouvel Observateur, 22 Mars 2007
La Fnac s’apprêterait à lancer un plan social, le Nouvel Observateur, 13 Avril 2007
La Fnac ne licencie pas, Le Figaro, 27 Avril 2007
Télévision :
La vie des médias, 4 novembre 2006
JT de TF1, 20H le 04 Mai 2007
Internet :
http://blogoFnac.blogspot.com.
www.Fnac.com