Depuis quelques jours, sont distribués dans des magasins, des tracts et affiches réalisés par la direction. De superbes tracts magnifiquement élaborés à l'aide d'une mise en page efficace et de slogans accrocheurs. Le tout envoyé en grand nombre aux cadres des magasins, chargés de distribuer, placarder et expliquer à tous les employés, comme des petits soldats au service d'une propagande de forte envergure.
Des tracts qui sont accrocheurs en effet, qui parlent de beaucoup de choses, sans rien expliquer. Aujourd'hui la direction réalise que nos actions commencent à prendre de l'ampleur, que nos moyens de communication sont efficaces, que nos explications commencent à faire réagir employés et clients, et essayent maintenant de démentir par n'importe quel moyen la "désinformation" que nous représentons à leurs yeux.
Ainsi, on assiste à un mea-culpa sur l'intéressement des Fnac parisiennes, mal calculé, et on projette un futur intéressement qui sera un vrai 14ème mois, c'est promis, juré ****
**** : à objectifs atteints, ce qui veut dire que en fin de compte, ce sera hypothétiquement un 14ème mois, mais potentiellement un 14ème jour.
A vrai dire, cela ne change pas grand chose, puisque chaque année on nous promet un intéressement fabuleux pour l'année suivante...
En lisant ces tracts et ces slogans dignes de publicités pour de la lessive, on a l'impression que l'on veut vous vendre quelque chose : que l'on veut vous faire avaler n'importe quoi.
Aussi, pour marquer le coup, Denis Olivennes s'est courageusement présenté en personne dans 4 des grandes Fnac parisiennes, hier et aujourd'hui, en compagnie de messieurs Bernard Lemaire et Yvan Michel : Ternes, Forum, Montparnasse, et Chatelêt. A chaque fois devant une foule très importante d'employés.
Pour une fois d'ailleurs, tous les employés étaient encouragés à se présenter à cette "A.G" (et rémunérés aussi !). Incroyable.
Auparavant, on pouvait avoir sur "intrafnac" un avant-goût de cette réunion, en visionnant le message de paix du PDG de la Fnac, face caméra.
Denis Olivennes a ainsi le mérite de dire vouloir calmer le jeu, et expliquer la situation. Chaque débat dans les Fnac parisiennes a ainsi commencé, dans le calme et la clarté. Puis s'est installé le flou, l'ignorance, l'évitement, et enfin l'agacement, voire dans certains cas la colère.
Explications :
Notre PDG nous explique clairement qu'il n'y aura pas de licenciement, qu'il veillera à ce que chaque reclassement se déroule bien, que ce plan social est nécessaire vis à vis de la situation du disque et de la modernisation du back-office.
Il se dit choqué de la désinformation qu'il lit ça et la, et insiste bien sur le fait que la Fnac ne perdra pas ses valeurs, qu'il y est fortement attaché. Il nous assure que la nouvelle variable ne changera en rien nos comportements, mais au contraire nous rémunérera plus justement.
Mais lorsqu'il s'agit de le mettre face à ses contradictions, et de donner des réponses claires, malheureusement, Denis Olivennes n'y est plus.
Ainsi, plusieurs questions sont restées en suspend.
Si Denis Olivennes insiste sur le fait que personne ne sera licencié, qu'il y aura 100% de reclassement, nous nous sommes interrogés à plusieurs reprises.
Pourquoi invoquer la chute du disque pour justifier le reclassement des disquaires, mais ne rien faire au contraire pour augmenter les effectifs des départements produits techniques, en surcroît d'activité ? En effet, seuls les postes "vacants" sont gelés et réservés pour disquaires et employés du back-office. Aucun poste ne sera créé dans des départements qui pourtant font face à des surcroîts de clientèle et de chiffre d'affaire, et qui sont souvent en sous-effectifs chroniques. Reclasser des employés vers des postes "vacants", cela revient à supprimer définitivement des postes.
D'autre part, personne ne se fait d'illusion sur les postes proposés qui n'ont souvent aucun rapport avec le back-office ou le disque et qui précipiteront beaucoup de "reclassés" en situation d'échec. Nous disposons d'ores et déjà de témoignages et d'exemples de vendeurs en situation d'échec, abandonnés dans des domaines qu'ils ne maîtrisent absolument pas. Dans la réalité, la personnalisation et l'accompagnement ont jusqu'à maintenant été quasi-nuls.
Ensuite, Denis Olivennes a insisté sur l'indépendance des vendeurs, et minimisé l'impact de la VIM. Évidemment, notre PDG minimise son impact dans notre façon de travailler, mais maximise son impact sur notre fiche de paie. En réalité, et nous l'avons démontré, la VIM est une variable dérisoire qui incite à travailler plus pour essayer de ne pas gagner moins, nuance.
Un de ses arguments est notamment que cette variable ne représente que 10% de notre rémunération contre beaucoup plus chez nos concurrents.
Et c'est bien ce que nous dénonçons. En procédant ainsi, on fait en sorte que les vendeurs se concurrencent entre eux, sans leur donner véritablement plus. Le beurre et l'argent du beurre. L'attitude agressive d'un vendeur commissionné, sans le rémunérer davantage.
De même quand Denis Olivennes met en avant l'absence de seuil ou de plafond sur cette variable, c'est habilement jouer sur les mots. Car en effet, en théorie, il n'y a pas de plafond ! En pratique, le plafond, c'est vous, vos capacités, ainsi que le nombre de clients et de factures réalisables par jour. Reste que les pourcentages de commissions proposés sont absolument dérisoires et que "l'absence de plafond" n'y change rien... En réalité, le plafond, ce sont ces pourcentages eux-mêmes, qui sont ridiculement bas.
Pour Denis Olivennes, cette commission n'est en rien une guelte, et il continue d'encourager les valeurs d'indépendance des vendeurs (forcément, ça plaît à nos clients). Reste que les plans de vente, associés aux objectifs de la VIM, c'est une guelte. Une guelte intéressante pour lui, puisque nous nous battrons pour vendre aux clients les plan de ventes, pas intéressante pour nous, puisqu'elle ne nous rapportera rien de plus qu'une bonne VME.
Enfin, Denis Olivennes a prôné des valeurs de dialogue et de concertation avec les partenaires sociaux en prenant appui sur des personnes qui sont justement connues pour faire passer en force leurs propositions lors des instances, et éditer les compte-rendus de négociations avant même qu'elles aient eu lieu. Ce qui n'a pas manqué de faire réagir nos représentants syndicaux.
Face à ces contradictions soulevées, l'attitude a au cours de ces débats toujours été la même : on passe à autre chose, on revient sur un autre point mieux maîtrisé, on évite. Et au final, cela finit en agacement certain de la part de tous les employés. Évidemment, quand l'audacieuse opération de communication se transforme en plébiscite et argumentaire efficace pour une grève aux yeux de tous les employés des magasins, les dirigeants fuient.
Denis Olivennes a tout de même eu le mérite, avant de partir, de nous rappeler que le droit de grève est inaliénable. Merci. La plupart des cadres l'avaient oublié ces derniers temps, il était bon de leur rappeler.
Nous sommes déçus, car nous voulions des réponses, et un débat. Nous étions prêt à entendre, à écouter attentivement cet autre son de cloche, à comprendre ces besoins de modernisation, à accepter les bonnes raisons invoquées par notre direction. Or nous n'avons entendu que des fausses notes. Et toujours ce même mépris. Le seul point positif est que cette attitude de fuite nous donne raison, aux yeux et au su des centaines d'employés présents aux A.G.
A notre sens, lorsque deux parties émettent un son de cloche différent, il s'agit de déterminer laquelle de ces parties évite le débat. Laquelle dénonce la désinformation sans argumenter clairement ses points de vue. Laquelle tente de passer en force ses idées et d'intimider les plus influençables.
Nous sommes indépendants, et nous aimons notre entreprise. Nous persistons et sommes confortés dans notre action de part nos entrevues avec nos dirigeants. Nous vous encourageons à vous mobiliser demain vendredi 4 mai, pour défendre nos conditions de travail, nos rémunérations et les valeurs de la Fnac, essentielles à son succès. Essentielles à nos succès.