Fnac Service : 60 licenciés saisissent les prud'hommes
Une soixantaine des 231 salariés que comptait la société FNAC SERVICE il y a un an a saisi le Conseil de Prud’hommes de BOBIGNY pour voir constater :
- des graves manquements qui ont été à l’origine de mesures de licenciement massivement notifiées en violation des dispositions légales et des engagements pris par la direction de la société dans un plan de sauvegarde de l’emploi arrêté en juillet 2006
- des violations systématiques de la législation et de la réglementation du travail pénalement sanctionnées puisque de très nombreux salariés étaient précairement embauchés à temps partiel alors qu’ils travaillaient illégalement presque à temps complet par le biais d’heures supplémentaires.
Triste bilan pour une société et un groupe qui, avec une rare indécence, se targuaient il y a un an de reclasser TOUS les salariés concernés par le projet de fermeture.
On rappellera que le 18 mai 2006, soucieux d’augmenter ses profits, le groupe PPR a décidé de fermer définitivement sa filiale Fnac Service spécialisée dans les travaux photo et s’est publiquement engagé à reclasser l’ensemble des 231 personnes aux termes de communiqués de presse massivement diffusés.
Le motif officiel de cette fermeture : le passage de la photographie argentique au numérique comme si cette mutation n’avait pu être anticipée ! Les salariés pâtissent donc de la sidérante imprévoyance d’une direction qui n’avait pas pris les mesures nécessaires pour s’engager dans la photographie numérique comme ses principaux concurrents ont pu le faire.
Le véritable motif : pendant 30 ans, Fnac Service a régulièrement fait remonter au Groupe FNAC d’importants bénéfices qui ont été ensuite distribués aux actionnaires alors que s’ils avaient été réinvestis au sein de l’entreprise, celle-ci aurait pu gérer sans difficulté cette mutation notamment au travers d’une Gestion Prévisionnelle des Emplois et des Compétences (GPEC) qui a fait cruellement défaut.
Pour faire bonne figure, la direction à travers son directeur général : Stéphane Grodner, s’est donc engagée à reclasser tous les salariés soit au sein de la FNAC, soit au sein des différentes structures composant le Groupe PPR. Engagement peu contraignant en réalité : les 231 salariés devaient facilement être reclassés dans un Groupe qui en compte 85.000 et qui réalise un chiffre d’affaires annuel de 17,8 Milliards d’Euros. Les salariés croyaient pouvoir donner leur confiance à FNAC SA qui s’auto-proclame « entreprise citoyenne » comme au Groupe PPR qui revendique, sur son site internet, sa « responsabilité sociale » et assure manifester toute son « attention aux hommes et femmes » qui oeuvrent chaque jour à la prospérité de ses actionnaires.
Cette confiance a rapidement été trahie. A ce jour, à peine une soixantaine de salariés a été difficilement reclassée… soit 30 % seulement, au sein de FNAC SA, et pas plus de trois dans les autres filiales du Groupe PPR ! La direction en est tellement consciente qu’elle communique des chiffres de reclassement totalement fantaisistes dans lesquels elle prend en compte les salariés...licenciés et qui ont ensuite retrouvé, par leurs propres moyens, un emploi en dehors du groupe.
En réalité, aucune action sérieuse de reclassement n’a été engagée malgré les moyens dont dispose ce puissant et prospère groupe économique. Ni la direction de la société, ni celle du groupe, n’ont mis en oeuvre les moyens nécessaires pour permettre ces reclassements. Aucune structure n’a été mise en place, dédiée à ce reclassement, sans doute pour éviter des dépenses que ce groupe plus que profitable a préféré affecter ailleurs.
Le Comité d’entreprise a saisi une première fois la justice.
Le Comité d’entreprise a saisi une première fois la justice.
Par ordonnance du 5 janvier 2007, le Tribunal de Grande Instance de BOBIGNY a pris la mesure de non seulement rappeler les groupes PPR et FNAC à leurs obligations légales mais a également tenu à fustiger la déloyauté manifestée par ces sociétés dans l’exécution du Plan de Sauvegarde de l’Emploi au sein de la filiale FNAC SERVICE. La direction de FNAC SERVICE et du Groupe PPR n’en ont eu que faire. A preuve, et témoignant d’un stupéfiant mépris à l’égard des salariés concernés et d’une curieuse conception du respect dû à l’autorité judiciaire, la FNAC a annoncé, le matin même de l’audience, le 2 janvier 2007, l’envoi de 46 lettres de licenciement aux vendeurs affectés aux magasins lesquels ont donc appris leurs licenciements au cours des débats devant le Tribunal !
Et à peine quatre semaines plus tard, alors que toujours rien n’avait été sérieusement mis en place pour veiller au reclassement défaillant, c’est à nouveau plusieurs dizaines de salariés qui se sont trouvés licenciés au mépris des engagements de reclassement publiquement pris quelques mois auparavant. L’Inspection du Travail de MONTREUIL vient tout récemment de dénoncer ces graves carences en refusant d’autoriser les licenciements des représentants du personnel et en constatant que la direction de la société n’a pas respecté ses engagements. C’est donc soixante de ces salariés – auxquels doivent sans doute se joindre d’autres – qui ont déjà saisi le Conseil de Prud’hommes pour voir sanctionner ces graves violations de la loi.
Ce sont ces mêmes salariés ainsi brutalement et illégalement licenciés qui ont vivement apprécié les récents propos tenus par Denis Olivennes, PDG de la FNAC, (Le Figaro.com, 27 avril 2007), et notamment :
« La FNAC ne licenciera pas. Je m’inscris dans sa tradition d’exemplarité sociale et la dynamique économique de l’entreprise lui permet de gérer en douceur ses mutations »
« S’il fallait faire un pacs avec chaque salarié pour qu’il n’y ait pas de licenciement, je le ferai ».
En photo, le dernier magasin parisien encore ouvert malgré les apparences. Trois des cinq élus du Comité d’Entreprise y travaillent en tant que responsables de magasin.
Plus de marchandises disponibles, plus de tirages numériques sur place, plus de photos d’identité, plus d’approvisionnements, la direction étant venue nous chercher des produits pour livrer les magasins franchisés, qui eux-mêmes entament une procédure en justice contre fnac service. En guise de publicité extérieure, Ce superbe caliquot « BAIL A CEDER » orne la façade du magasin depuis le début de cette année !
Fnac Service 38 rue du poteau 75018 PARIS
Dernière info : il n'y a plus de travaux photos dans notre magasin depuis le 12 JUIN sur ordre de la direction.
Commentaire Blogofnac : Nous, employés de la Fnac, avons la chance de pouvoir anticiper l'avenir et décrypter ce que communique notre direction en prenant exemple autour de nous. En s'informant justement sans être influencés par quiquonque. Les mésaventures des Fnac Service sont une répétition de ce qui a d'ores et déjà commencé chez nous. Le fonctionnement des Fnac Périphérie est un avant-goût de ce qui attend tous les magasins de l'enseigne.
Vous ne pourrez pas dire que vous n'avez pas été prévenus.